Les éco-corridors
Les éco-corridors sont la combinaison de passages terrestres et aquatiques qui joignent, entre eux, des noyaux de conservation.
Les noyaux de conservation (en vert foncé sur le schéma Le fonctionnement des éco-corridors) sont des milieux ayant une taille et un couvert naturel suffisants pour servir d’habitat à plusieurs espèces caractéristiques de la région. Ces noyaux peuvent avoir un statut de protection ou non.
Les plantes et les animaux (flore et faune) doivent toutefois être en mesure de se déplacer entre ces habitats en utilisant des corridors (en vert pâle) pour trouver tout ce dont ils ont besoin pour survivre (eau, nourriture, abri, etc.).
La connectivité écologique est le mouvement des espèces et le flux des processus naturels qui soutiennent la vie sur Terre. Un corridor écologique est un lien naturel entre des habitats qui permet de maintenir ou de restaurer une connectivité écologique efficace.
Il existe trois types de corridors :
- Le corridor pas à pas : plusieurs petits habitats connectés par une zone tampon
- Le corridor d’habitats : long et large segment de terrains continu bordé d’une zone tampon
- Le corridor en mosaïque : un long corridor continu composé de différents habitats, sans zone tampon. Certains de ces habitats peuvent être entretenus par l’humain, tels que des champs cultivés.
La vision régionale pour la protection des milieux naturels sur le territoire des Laurentides
« Relier le parc national d’Oka au parc national du Mont-Tremblant par un réseau d’éco-corridors et d’aires protégées . »
La carte Vision des corridors écologiques des Laurentides sert exclusivement à illustrer la vision régionale d’Éco-corridors laurentiens. L’image présente les noyaux de conservation (en vert foncé), qui ne sont pas nécessairement des aires protégées, ainsi que les corridors potentiels qui permettent la connexion de ces noyaux (en vert pâle).
(Notez que cette carte doit être considérée comme un modèle réalisé à partir des connaissances et des données disponibles. Elle ne doit absolument pas servir dans un cadre de planification ou d’aide à la décision.)
Quelles sont les mesures à prendre pour créer des éco-corridors efficaces?
- Contrôler les usages dans le corridor (p. ex. : un minimum d’habitations ou d’infrastructures);
- Lorsqu’un corridor croise une route ou un chemin, maintenir la sécurité des déplacements fauniques et humains par l’aménagement de passages fauniques. Les sentiers, lorsqu’ils sont étroits, ne sont pas considérés comme des obstacles aux déplacements pour la majorité des espèces, ils peuvent parfois même les favoriser;
- Maintenir les corridors le plus large possible;
- Minimiser les usages et contrôler l’éclairage et le bruit (p. ex. la circulation de véhicules) en périphérie pour réduire au maximum les pressions dans le corridor.
Pourquoi est-il urgent d’agir ?
Améliorer la résistance des écosystèmes face aux changements climatiques
À cause du réchauffement du climat, les espèces se déplacent de plus en plus vers le nord à la recherche de nourriture et d’un endroit pour se reproduire. Il est donc primordial de préserver les noyaux de conservation et les corridors essentiels à leur survie.
Selon la recherche en conservation de la biodiversité, les deux principales stratégies d’adaptation aux changements climatiques sont :
- L’augmentation des aires protégées
- Le maintien de la connectivité des milieux naturels
Historiquement, l’urbanisation des territoires due à la croissance de la population ne tenait pas compte de la connectivité des habitats naturels. Ainsi, l’étalement urbain dans le sud des Laurentides a causé le morcellement du territoire et bloqué de façon permanente le déplacement des plantes et des animaux.
Aujourd’hui, on constate que plus le territoire est fragmenté par des infrastructures (routes, autoroutes, bâtiments, grands champs agricoles, etc.), plus on a besoin d’éco-corridors pour permettre aux espèces de se disperser et de se reproduire afin de leur permettre de s’adapter aux changements de leur environnement (climat, dérangement, pluie, drainage, etc.).
Pour contribuer aux services écosystémiques
Conserver des milieux naturels et les connecter apporte des bénéfices de toutes sortes que l’on nomme services écosystémiques. Les services écosystémiques sont des bienfaits que la nature procure à l’être humain et qui sont difficilement remplaçables, voire irremplaçables, par des inventions humaines. Ces services représentent les bénéfices, matériels et immatériels, dont profitent les humains grâce aux fonctions des écosystèmes naturels. Il en existe quatre catégories :
1) Soutien : Services essentiels qui procurent les conditions de base au développement de la vie et à la production des autres services. Ils incluent la formation des sols, la production primaire, le cycle de l’eau et de la matière, et la conservation de la biodiversité.
2) Régulation : Ces services concernent la capacité des écosystèmes à se maintenir dans des conditions propices à la vie humaine et à contrôler certains phénomènes dangereux comme les feux, les sècheresses ou les inondations.
3) Approvisionnement : Les ressources qui composent les milieux naturels permettent aux humains de se nourrir, de s’abriter ou d’en faire usage pour répondre à leurs besoins en matière de santé (p. ex : production de médicaments, diminution des maladies transmises aux humains par les animaux).
4) Culturels : les écosystèmes naturels permettent, entre autres, de participer à des activités récréatives ou culturelles, à des expériences spirituelles ou religieuses, ainsi que de transmettre la valeur pédagogique ou esthétique de la nature.
La conservation des milieux naturels
Un milieu naturel fonctionnel est un habitat où les animaux et les plantes pourront se nourrir, s’abriter et se reproduire, car il répond à leurs besoins en espace et en ressources. La conservation de ces milieux est un enjeu de taille dans les Laurentides puisque cette région se développe de plus en plus rapidement en raison de la pression démographique.
Comment conserver ces milieux naturels fonctionnels?
- La conservation en terres publiques à l’intérieur d’aires protégées légalement constituées, comme c’est le cas des parcs nationaux (parc national du Mont-Tremblant), régionaux (parc régional Val-David – Val-Morin, réserve naturelle Alfred-Kelly à Piedmont-Prévost) ou locaux (parc du Bois de Belle-Rivière) si ceux-ci sont suffisamment grands ou s’ils sont gérés dans le respect des espèces présentes.
- La conservation volontaire en terres privées. Il existe différentes façons de faire pour ce type de conservation, telles que le transfert de plein titre à un organisme de conservation, la réserve naturelle en milieu privée, ou la fiducie d’utilité sociale, etc. (Pour en savoir plus)
Les institutions, les organismes de conservation et les municipalités font leur part pour protéger les écosystèmes dans les Laurentides. Toutefois, si les milieux protégés sont enclavés dans des zones très urbanisées, la faune ne peut plus circuler sur le territoire pour se rendre en toute sécurité dans son lieu de reproduction sans risquer de se faire frapper par une voiture ou de se faire manger par un prédateur.
Il faut donc à la fois conserver les milieux naturels et les connecter entre eux à l’aide d’éco-corridors.